Puis le moins si la vie nécessaire

Pour dépasser la survie. Pour tenter d'accéder au souffle. Comprenez bien. Il faut tout faire pour en avoir, et même en avoir plus.

Il y en a qui en ont. Suffisamment pour respirer. Suffisamment pour se faire plaisir. Il y en a qui en ont et qui se demandent s'ils veulent respirer plus. Parce qu'on leur dit qu'il faut toujours plus. Vous comprenez bien.

Et puis il y en a aussi qui aimeraient en avoir un tout petit peu plus d'oxygène. Pour vivre mieux. Pour avoir la paix. Un peu plus, quoi. Mais ce n'est pas possible qu'on leur dit dans la vraie vie du travail ;  Vous comprenez bien. Il y en a qui triment pour en avoir plus, parce que c'est vital d'en avoir plus, parce qu'il y en a qui se battent beaucoup, parce qu'il y en a qui aimeraient bosser beaucoup, voire un peu plus, quoi mais que ce n'est pas possible ; Vous comprenez bien. De l'air !

Il y en a qui n'en ont pas. Qui regarde qui en a. Qui se demande comment ça fait quand on compte moins. Comment ça fait quand je peux m'aérer avec ce truc en plus, quoi pas vraiment nécessaire ?

Il y en a qui en reniflent beaucoup beaucoup. Suffisamment pour plus d'enfants, beaucoup de petits-enfants, beaucoup plus d'arrières petits-enfants. Alors il en faut beaucoup beaucoup plus. Vous comprenez bien.

Il y en a une qui s'interroge : Vous comprenez bien ? Qui se demande combien pour être bien ? Dans la vraie vie du travail qu'on vient de lui dire, il y en a qui travaillent et qui gagnent bien leur vie. C'est quoi bien gagner sa vie ?

Comprenez bien. Nous sommes pris.es au piège de tous ces besoins se demande l'une qui s'interroge combien pour être bien ?

Être bien, avoir de l'argent, une maison, une voiture, des vêtements, des vacances ; de la nourriture, jamais abordée, une évidence pour qui respire déjà suffisamment, en tenailles l'univers des choix est tout riquiqui minuscule.

Un jour, il y en a qui accèdent à la chance d'hésiter quand c'est bien et pas besoin de plus. Il y en a qui rétropédalent. Qui arrêtent d'en vouloir plus d'avoir. Qui décident d'en vouloir plus d'être au monde. Qui ? Qui ? Qui se cherche comment pour être bien ?

Et tout ça (ne) serait plus qu'une fiction. Ah oui, bâtir aussi une intrigue. Ah oui, il faudrait inventer une histoire de poumons. Composer des personnages. Attribuer un nom, fabuler une physionomie, broder des traits de caractères. Et prendre des exemples, s’inspirer de la vraie vie comme on dit aujourd’hui. Ah oui, il faudrait imaginer une histoire d'haleine. Se dire que tout commence par là. Là comme un lieu à inventer pour inspirer nos vies.

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