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Entre photographies et textes, l'ouvrage raconte l'existence des non-lieux de la clandestinité à l'intérieur des réseaux de reconnaissance et de visibilité sociales. Se croisent un discours dominant rapporté, une parole qui tente de dépasser en acte les frontières et des photographies d'écran d'ordinateur. Le montage, plus poétique que dialectique, expose la parole non-entendue d'un corps non-vu qui a décidé (de sélectionner une photographie), qui s'est positionné et qui a choisi (d'appuyer sur le déclencheur). L'objet auto-édité fut déposé en librairies comme l'affirmation d'une présence non autorisée au sein d'un espace public. D'où les questions posées par la présence de cet objet : est-ce un vol de l'emporter alors qu'il n'a pas de prix (seulement un coût de fabrication) ? Est-ce un acte de résistance engagé contre les valeurs du marché et les valeurs morales ? Que devient cet objet débusqué par un libraire ? Le libraire acceptera-t-il de jouer le jeu, guettera-t-il le lecteur qui emportera l'objet ou refusera-t-il sa présence dans la librairie au même titre que les autres livres destinés à la vente ? Dans un second temps, il est important d'opérer une transformation en livre par le passage à une version éditée. Cette version parce que fruit d'une rencontre entre l'auteur et l'éditeur ne sera pas la copie conforme de la version auto-éditée. Elle témoignera d'une action en librairie et interrogera le lecteur sur le rôle de l'éditeur : l'éditeur produirait-il des mauvaises copies comme les marchands de faux-Vuitton, de faux-Cartier qui éditent des objets pour satisfaire le marché occidental toujours soucieux de payer moins avec une apparence similaire à l'objet original ? Ou alors l'éditeur jouerait-il encore un rôle de passeur de singularités ? Ce travail apporte plus de questions que de réponses. A une époque de grandes certitudes proclamées par certains, il est important de continuer à se poser des questions pour éviter qu'un discours dominant n'écrase les discours autres qui tentent de se frayer un chemin dans les interstices des évidences.
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